Je m’appelle Amandine et j’ai maintenant 13 ans. Passionnée par l’horlogerie depuis l’âge de 7 ans, quand on me demande quel est le métier que je veux faire, je réponds «horlogère-designer chez Bulgari.» En attendant, j’interviewe des personnalités du secteur… L’année dernière, le 1er avril pour ma première visite à Watches & Wonders, j’ai pu interviewer Rolf Studer, le co-CEO d’Oris, pour qui ce jour spécial n’était pas synonyme de poissons mais plutôt de grenouilles.
Par Amandine, la plus jeune chroniqueuse du Swiss Watch Paspport
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Rolf Studer, qui êtes-vous au bureau?
Je suis le Co-CEO d’Oris. J’habite près de Lucerne et je travaille à Hölstein, chez Oris évidemment. Nous sommes un petit groupe d’enthousiastes et j’ai beaucoup de plaisir à travailler avec mes équipes. Nous aimons tous les montres, les produire et les vendre. En fait, j’adore travailler chez Oris.
Et dans la vraie vie?
J’ai deux enfants de 13 et 14 ans. J’aime passer du temps avec eux. Aller en montagne. Skier, beaucoup. Faire du sport. J’aime être dehors, peu importe où, et passer du temps en famille. J’aime aussi lire.
Comment êtes-vous tombé dans l’horlogerie?
J’ai toujours apprécié les belles choses. Mon grand-père construisait des bateaux. Il a fait de superbes bateaux en bois et c’est peut-être la raison pour laquelle j’aime autant ce qui est fait à la main, les objets bien faits. C’est comme ça que je me suis intéressé à l’horlogerie… et ensuite j’ai eu la chance de pouvoir entrer chez Oris où je travaille depuis 16 ans.
Que vous rappelez-vous de votre première montre?
En fait, c’était une montre cassée. Je l’avais mise de côté car je pensais pouvoir la réparer. Ce dont j’étais évidemment incapable. Je la revois encore, juste devant moi, en pèces détachées. C’est ce qui m’a fait prendre conscience de la complexité qu’il y a pour faire autant de composants dans une seule montre et qu’il faudrait bien plus que mes capacités pour la réparer. Ça me fascine toujours autant depuis ce jour.
Et quelle montre a le plus de valeur sentimentale à vos yeux aujourd’hui?
C’est une montre que j’ai reçue de mon père. Il la portait quand j’étais enfant. J’adorais me glisser dans le lit de mes parents et je me souviens de lui avec cette montre réveil Memovox de Jaeger-LeCoultre. De mon époque chez Oris, ma préférée est la première Carl Brashear. Elle m’a accompagné partout et elle est même devenue toute verte parce que je l’ai beaucoup portée dans l’océan. Autant de souvenirs des bons moments passés en famille.
Est-ce que vous faites des montres pour les jeunes?
Nous ne faisons pas des montres pour enfants, mais pour les jeunes oui. Les montres sont en fait pour n’importe quel âge, donc l’âge n’a aucune importance. L’essentiel est la joie et le plaisir qu’elle vous procurera.
Que diriez-vous à un jeune de 15 ans pour qu’il s’intéresse plus à l’horlogerie mécanique qu’à son Apple Watch?
En fait, la même chose qui m’est arrivée. Quand j’ai mis de côté cette montre et que j’ai réalisé à quel point c’était compliqué à l’intérieur.
Si tu as la possibilité de voir la mécanique, voire même de la toucher et de ressentir cette complexité, alors tu peux comprendre la vraie valeur de ce que tu as au poignet.
Quoiqu’il en soit, il vaut mieux demander à ton père quelle montre tu peux prendre avant de la démonter.
Et quels sont les atouts d’Oris pour le séduire?
Aujourd’hui, c’est le jour parfait pour poser cette question puisque nous venons de lancer la montre Kermit. On a vraiment quelque chose de spécial avec Kermit. Quelque chose de cool que les enfants aiment aussi. Il n’y a que regarder les enfants que nous avions aujourd’hui sur le stand. Ils adorent aussi Kermit. La montre Kermit, le porte-clé Kermit et bien entendu le t-shirt Kermit.
J’ai une question spéciale juste pour vous. Il parait que vous avez rencontré Kermit?
Oui. J’ai rencontré Kermit à New York et j’ai même parlé avec lui. On a fait une vidéo (voir en cliquant sur l’image). Tu parles à une marionnette mais, après quelques secondes, tu as oublié et tu penses que tu es juste en train de parler avec quelqu’un de normal. Et cette grenouille, Kermit, prend vie et c’est vraiment fascinant.
On parle beaucoup de durabilité aujourd’hui. Qu’est-ce que ça signifie pour vous?
C’est l’une de nos valeurs fondamentales chez Oris et nous faisons beaucoup en matière de durabilité. Nous avons été la première marque de montres suisse à atteindre la neutralité carbone. Et grâce à ça, nous savons exactement où se trouvent nos émissions et ce que l’on peut encore réduire. Ça nous aide à faire une vraie différence.
Vous êtes plus TikTok, Instagram ou LinkedIn?
Principalement Instagram. Même si j’essaye de limiter au maximum mon temps sur les canaux digitaux pour avoir le temps de lire ou d’être avec d’autres personnes.
Quel conseil me donneriez-vous pour vivre ma passion et travailler dans l’horlogerie?
Va à l’école, termine ta scolarité et suis tes envies. Quelle que soit l’activité, tu excelleras si tu y es heureuse. Et si tu vois que les choses prennent telle ou telle direction, ça n’a pas vraiment d’importance puisqu’à la fin tu seras exactement là où tu souhaites être.
Vous avez un message à faire passer, quelque chose à ajouter?
Chez Oris, nous cherchons vraiment à faire sourire les gens. C’est un bon point de départ. Pas seulement quand on fait des montres mécaniques, c’est bien de manière générale. C’est peut-être un peu simple mais c’est un bon conseil de vie. Parce que quand tu fais sourire les gens, généralement tu souris aussi. Et ça c’est vraiment la base pour une vie joyeuse.
On fait un selfie pour mon album?
Bien sûr.
L’intervieweuse interviewée…
(R.S.) Comment est-ce que tu as trouvé d’aussi bonnes questions?
(Amandine) On y a réfléchi avec mon père pour proposer quelque chose d’un peu différent qui puisse aussi intéresser les jeunes. Je voulais aussi mieux comprendre qui sont les leaders de l’industrie, sous un angle un peu plus personnel… et aussi voir ce qu’ils pensent des jeunes. Mais je voulais surtout que ça ne soit pas trop sérieux, que ça reste sympa. Ça vous a plu?
(R.S.) Tu peux être fière. Tes questions sont au niveau d’un journaliste professionnel. C’est impressionnant et ça m’a fait très plaisir d’avoir pu y répondre. J’aimerais aussi te dire que tu es une jeune fille charmante, encore plus en vrai que sur Instagram.
