{Article paru dans JSH en 2022}. Seuls quelques pros la connaissent sous LTM, une perle industrielle fleurisane dédiée au mouvement. Derrière cet acronyme se profile Le Temps Manufactures, la plus discrète manufacture du marché.
Par Vincent Daveau, horloger & journaliste, historien
A lire sur le Journal Suisse d’Horlogerie JSH®, hors-série SSC Société Suisse de Chronométrie
Insta SWP | Insta JSH® | Facebook | Twitter | Linkedin | S’abonner à JSH®
LTM maîtrise la quasi-totalité des métiers horlogers
Lancée en 2008, Le Temps Manufactures est implantée dans les anciens locaux de Vaucher Manufacture Fleurier au cœur du Val-de-Travers, dans le canton de Neuchâtel. Sur la scène du Congrès international de Chronométrie 2022, Christophe Lüthi raconte, données techniques à l’appui, l’actualité de deux calibres mécaniques de toute petite taille. Dans la galaxie des motoristes, cette offre LTM demeure une spécificité plutôt inhabituelle. Elle pourrait bien répondre aux besoins du marché, voire susciter de nouvelles envies créatives, notamment à l’heure où les grandes enseignes se mettent à toujours plus explorer les territoires joailliers.
En développant son bureau de méthodes et techniques, LTM a l’intention de développer en 2014 des produits en «private label». L’idée est de proposer des mouvements qui puissent répondre aux attentes du client et des acheteurs finaux.
Petits, mais fiables et de haute qualité
L’analyse a porté en particulier sur la mise en production de calibres mécaniques de petite taille qui, bien que marginaux dans un monde où les montres sont de fort diamètre, demeurent nécessaires pour la création de garde-temps dotés de formes originales ou de bijoux donnant l’heure. L’idée était de prendre des parts dans un marché où manque une véritable offre de qualité.
Le calibre LTM 2000, la version manuelle et la version baptisée LTM 2100 à remontage automatique sont des cœurs qui ont été conçus sur les bases de mouvements anciens des années 1990 élaborés par la manufacture Frédéric Piguet. Ces cœurs alors considérés comme les plus petits du marché portaient les références FP 6.10 et FP 6.15. Malgré leur similarité avec les modèles d’antan, la mise au point de ceux proposés par LTM a demandé 3 ans de développements. Les deux font 6 3⁄4 lignes et ont un diamètre d’encageage de 15,3 mm.
La version manuelle a une épaisseur de 2,10 mm et une autonomie de 40 heures et l’autre, en raison de la présence de la planche d’automatisme, fait 3,70 mm avec une masse en platine ou 3,90 mm s’il est équipé d’une masse en tungstène
Répondre à un besoin
Pour l’entreprise, le but n’était pas de créer un «clone» d’un produit existant, mais de fabriquer un mouvement de petite taille fiable et précis. Après de nombreuses études et pour gagner en stabilité de marche et en précision, les organes de régulation ont vu leur régime passer à 3,5 Hertz.
Tous les composants du LTM 2000 ont été vérifiés puis fiabilisés et ceux magnétisables ont été remplacés par d’autres réalisés en inox amagnétique. Le calibre complet a ensuite subi toute une batterie de tests de résistance correspondant à un mode de porter contemporain (chocs, usure, magnétisme).
Après analyse des résultats très satisfaisants, la société LTM a mis le mouvement à remontage manuel LTM 2000 sur le marché au premier semestre 2022. Disponible dans six hauteurs d’aiguillages et dans de nombreuses finitions, il devrait séduire des marques exigeantes en quête d’un cœur de qualité destiné à animer des montres de toute petite taille. Ou parfois même à des garde-temps plus imposants dont les calibres sont relégués dans un coin afin de laisser la place à des animations ou à des finitions un peu «envahissantes.»