Être jeune et se retrouver à la tête d’une machine qui vaut le million de franc? C’est possible au sortir d’une formation de décolleteur! Ici à Tramelan tout se mélange, à l’image de ces forêts et de ces cours d’eau qui sont l’origine même du décolletage et du taillage. Petit tour du côté de l’association AFDT…
Par Joël A. Grandjean / Editeur et Rédacteur en chef de JSH® Magazine & Swiss Watch Passport
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Madame la Directrice, Joëlle Schneiter, est également une cheville ouvrière de CIP Technologie, depuis 14 ans. Le « double-casquettisme » est légitimement assumé en ces contrées qui, puisque l’eau était la force qui coulait dans les veines des machines et qui refroidissait les brûlants copeaux, sont à l’origine du décolletage. Plus loin, vers le Nord-Est, il y a aussi l’Allemagne et sa Forêt Noire, ou, plus au Sud-Ouest, la célèbre Vallée de l’Arve. Sauf que ces deux ramifications également historiques, toujours référentes, se sont plus orientées vers des tailles et des diamètres plus grands, moins en phase avec les besoins de l’horlogerie ou de la connectique par exemple.
L’eau et le décolletage, l’histoire des lieux
« Dans le village de Court, il y avait plus de décolleteuses que d’habitants. Beaucoup de machines tournaient dans les caves privées et les épouses les chargeaient. Nous sommes dans l’épicentre du décolletage et les premiers tours automatiques viennent d’ici », précise Francis Koller, un actif retraité à l’origine du SIAMS, en charge de la commission ‘marketing’ de l’Association (lire l’hommage que lui érigeait le Journal du Jura en 2016).
Ainsi donc, légitimement, Joëlle Schneiter assume sa double casquette: à la fois à la direction de l’association tout en oeuvrant aux côtés du Responsable de CIP Technologie, le centre de formation de toute la région. Du coup, les machines et leurs prouesses, sont à côté, dans les ateliers adjacents. Des adultes y suivent des formation de perfectionnement ou de reconversion et des apprentis provenant de la Suisse entière effectuent leurs cours interentreprises du domaine décolletage. Les femmes se font malheureusement encore rares dans ces métiers. « Il y a environ en Suisse 150 entreprises de décolletage dont 50% travaille principalement pour l’horlogerie, 25 % pour la connectique et le médical et 25% pour d’autres Microtechniques, » renchérit Francis Koller.
Représentativité maximale, actions en ligne de mire
Avec ses 70 membres, soit environ la moitié des acteurs du domaine, avec ses liens privilégiés avec sa pendante alémanique Swiss Precision à Soleure, cette structure est à l’image de la richesse industrielle suisse: à l’aise dans son berceau, avec des ramifications associatives plantées dans l’univers du concret, celui des entreprises. L’AFDT incarne donc réellement ce savoir-faire particulier. Qui reste une fierté nationale, une des auréoles les plus tangibles du Swiss made. Hélas, une activité dotée d’une palette de métiers dont l’image tarde encore à bénéficier du même ennoblissement que ceux de l’horlogerie.
C’est d’ailleurs l’une des missions de l’association à but non lucratif: redorer l’image d’une activité plutôt bien rémunérée, la faire connaître aux journalistes, et pas seulement à ceux de la presse spécialisée. Dès lors, nous parlons plateformes d’information, de démonstration. Nous parlons du SIAMS. Les idées fusent… Et si un parcours « décolletage-taillage » voyait le jour à l’EPHJ en 2023 (du 6-9 juin)? On se connaît, on se respecte. L’idée est lancée, elle devrait faire son chemin d’autant qu’une majorité des sociétés membres de l’association se retrouve une fois par année dans les Halles de Palexpo…