Je m’appelle Amandine, j’ai 12 ans. Passionnée par l’horlogerie depuis l’âge de 7 ans, quand on me demande quel est le métier que je veux faire, je réponds «horlogère-designer chez Bulgari.» En attendant, j’interview des personnalités du secteur.
Par Amandine, la plus jeune chroniqueuse du Swiss Watch Paspport
Portrait Amandine | Insta SWP | Insta JSH® | Insta Amandine | Facebook | Twitter | Linkedin
Super! Ils se sont enfin rencontrés dans la vraie vie lors de Watches & Wonders 2023. Après avoir été mis tous les deux à l’honneur par Wei Koh dans le magazine Revolution. C’était dans sa Power List de «Ceux qu’il faut suivre»…
Hello Samuel, en tant que responsable de la marque Hautlence, qui êtes-vous au travail?
Très impliqué dans la relance de la marque, je porte plusieurs casquettes. Qu’il s’agisse du développement produit, avec la sortie des nouveautés, mais aussi de l’image de la marque en général. Comme par exemple notre tout nouveau stand 2023. Il a été entièrement repensé, il incarne la nouvelle image de la marque, notre nouvel état d’esprit. En parallèle, je suis également impliqué dans la vente. J’étais en Asie la semaine dernière. Nous sommes allés à Hong Kong, en Malaisie et à Singapour pour y rencontrer des collectionneurs et des détaillants. En fait, j’aime vraiment ça parce que l’horlogerie est pour moi une forme d’art et qu’il s’agit d’une de ces rares industries où l’on peut vivre en faisant de l’art. Et ensuite on peut vraiment voir à quel point les gens sourient et de quelle manière les montres les inspirent. Tout particulièrement avec les pièces que nous réalisons, avec cet esprit ludique et ce côté très émotionnel. C’est vraiment ça qui rend l’horlogerie tellement spéciale à mes yeux. En fait, j’ai grandi dans cette industrie et j’ai la chance de pouvoir vivre cette passion et ce rêve.
L’horlogerie est l’une de ces rares industries où l’on peut vivre en faisant de l’art
Et dans la vraie vie?
J’aime tout ce qui est mécanique. D’où la connexion évidente avec les montres. Mais j’aime aussi monter sur une moto. J’ai une vieille voiture que je bricole et restaure. Et voler est une autre de mes passions. J’ai d’ailleurs mon brevet pour piloter les petits avions. J’adore toutes ces merveilles mécaniques et la possibilité d’interagir avec elles.
Comment êtes-vous tombé dans l’horlogerie?
Ma famille est dans l’horlogerie des deux côtés et ce depuis des années. Du côté de mon père qui est encore très actif dans l’industrie, mon frère représente la quatrième génération d’horlogers. Du coup, je peux dire que ma famille m’a permis de grandir dans cette industrie. Par ailleurs, je vois que tu portes un hoodie UN (ndlr: Ulysse Nardin)! C’est un point commun avec moi parce que j’ai travaillé là-bas.
Est-ce que vous vous souvenez de votre toute première montre?
Je l’ai reçue de mes parents, de mon père, et c’est une Oris Big Crown. En fait, ma famille vient de la même région de Suisse alémanique, près de Hölstein, là où Oris est établie. Juste à deux villages. J’ai donc une relation très spéciale avec cette montre et je l’ai toujours.
Quelle est la montre la plus importante à vos yeux?
Si tu veux parler de mon Graal, ce serait la Freak d’Ulysse Nardin. Et tout spécialement la Freak 75. C’est le dernier modèle avec Rolf Schneider et c’est un vrai Graal pour moi avec cette approche un peu folle et peu traditionnelle de l’horlogerie, où l’on peut voir toute la dimension technique. Et j’aime aussi cette touche de couleurs qu’elle dégage.
Est-ce que vous produisez des montres pour les jeunes? Par exemple un ou une 18-20 ans qui aimerait recevoir une montre précieuse pour son anniversaire?
Bien sûr. Nos montres parlent clairement aux jeunes. Car elles ont ce boîtier vraiment spécial en forme d’écran TV et aussi parce que nous affichons le temps d’une manière différente, très tridimensionnelle. Nous avons par exemple une sphère qui tourne sur elle-même avec les heures inscrites dessus. Ou encore cet autre mécanisme avec les heures sur une chaîne en mouvement. C’est toujours très interactif, beaucoup plus comme un spectacle en mouvement. Je pense que c’est quelque chose de fun qui parle aux plus jeunes. Mais ce sont également des pièces de très «Haute Horlogerie.» Ce qui explique que nos prix soient un peu plus élevés. Je reste persuadé que tout ceci reste spécial et parle à tout le monde, quel que soit l’âge, et tout particulièrement à ceux qui savent rester jeunes de cœur.
Que diriez-vous à un jeune de moins de 15 ans pour qu’il s’intéresse plus à une montre mécanique qu’à son Apple Watch?
À mes yeux, la chose la plus intéressante dans une montre mécanique a toujours été de voir tous ces composants fonctionner ensemble. À titre d’exemple, certaines de nos montres en possèdent 200, et d’autres jusqu’à 500. Et voir tout ceci interagir, fonctionner parfaitement ensemble comme un orchestre bien réglé, c’est quelque chose que tu ne peux probablement observer qu’avec l’horlogerie mécanique… parce qu’avec une montre à quartz alimentée par une pile, il y a toujours ce flux d’énergie qui traverse, mais ce n’est pas vraiment vivant. C’est ça qui m’a toujours attiré et je pense que c’est aussi très intéressant pour les autres. Et pour celui qui serait peut-être un peu moins intéressé par le côté mécanique de la chose, il reste toujours l’aspect manufacturé. L’«artiste» derrière la montre qui l’assemble précautionneusement jusqu’à ce qu’elle se mette à battre.
Et quels sont les atouts de Hautlence pour le séduire ?
Il y a principalement deux éléments avec lesquels nous jouons. Tout d’abord le mouvement. Par exemple, nous avons cette sphère dont je t’ai parlée, qui est poussée et tourne toutes les heures pour indiquer le passage du temps. Quelque chose qui attire vraiment ton attention. Le second élément est notre touche de couleur. Nous présentons une nouvelle version de notre Vagabonde cette année, une collaboration avec Black Badger où nous avons beaucoup de Globolight, une céramique 3D imprégnée de Super-Luminova qui brille de mille feux. Et sur une hauteur de presque un millimètre! Donc d’un côté tu as l’animation dont je parlais et de l’autre cette explosion de couleur vraiment intéressante. Voire excitante. Tu peux observer la manière dont les gens regardent ces pièces et sourient tous. C’est ça le plus important à mes yeux.
Les gens parlent beaucoup de durabilité, qu’est-ce que ça signifie pour vous?
Quelque chose qui résiste dans le temps et l’horlogerie est très intéressante dans ce contexte. Parce qu’elle n’est pas comme les puces et autres dispositifs électroniques dont il faut changer les piles ou dont l’obsolescence est programmée d’une certaine manière… Les montres mécaniques peuvent être retravaillées, réparées et entretenues pendant de nombreuses années. La durabilité est donc pour moi quelque chose qui a été bien construit, quelque chose qui va durer longtemps et qui pourra être réparé à l’avenir par un artisan qualifié.
Quels conseils pourriez-vous me donner pour vivre ma passion?
On laisse trop souvent les autres personnes penser à notre place, mais tu dois vraiment choisir pour toi-même. C’est souvent cette petite chose que les autres perçoivent quand tu en parles, cet éclat que tu as dans les yeux. Et si les gens te parlent de cet éclat alors il s’agit souvent de ta vraie passion. Ensuite, la chose la plus importante que tu dois comprendre, c’est qu’il y aura toujours des choses que tu n’aimeras pas. Même pour quelque chose qui te passionne. Mais ça vaut toujours la peine de persévérer car ce qui anime ta passion reviendra toujours.
Trop souvent les autres personnes pensent à notre place, mais tu dois vraiment choisir pour toi-même
Quelque chose à ajouter, un message?
J’étais très enthousiaste à l’idée de faire ta connaissance après avoir découvert ton compte Instagram quand tu as fait un post sur l’article de Revolution où nous étions ensemble et que tu as tagué tout le monde. C’est comme ça que j’ai appris ton existence. Et c’est exactement ce qui me plait dans l’horlogerie. Toute cette passion! Aujourd’hui, on s’aperçoit que les passionnés sont de plus en plus jeunes et que leur voix compte. Ça n’était pas du tout le cas autrefois. Pour moi, c’est vraiment beau de voir un large spectre de personnes, des plus jeunes aux plus âgées, se retrouver autour de cette passion commune même si nous ne partageons pas tous les mêmes ponts de vue. C’est une part excitante de notre industrie que nous n’avons pas le droit de perdre. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir trop corporate, de ne penser qu’à l’argent et aux profits. Nous devons absolument préserver cet art et entretenir la passion que les gens ont pour l’horlogerie.
C’est vraiment un bon message. On fait un selfie pour mon album?
Oui bien sûr!
