Discrets, peu enclins à passer sur les devants de la scène, ces deux-là sont pourtant des figures capitales de l’univers des expositions. Il faut parfois les brusquer un peu pour les interviewer. Propos recueillis en 2023.
Joël A. Grandjean, Rédacteur en chef de JSH® Magazine & Swiss Watch Passport
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Sans être du sérail, comprenez qu’ils n’appartenaient ni l’un ni l’autre au secteur de l’événementiel, André Colard et Olivier Saenger ont créé en 20 ans le Salon International de la Haute Précision. Incontournable, le plus grand salon professionnel annuel de Suisse.
En additionnant leurs compétences, en y ajoutant une dose de vision et d’éthique, ils sont parvenus à ériger dans le calendrier annuel, une manifestation qui est à l’horlogerie et aux microtechniques, ce que le salon des tissus est à la mode, haute-couture et prêt-à-porter inclus. L’excellence y est exposée, en mode convivial, non seulement dans ce qu’elle a de rare et de manuel, mais également dans sa dimension industrielle.
Pour deux «serial entrepreneurs», le salon est-il juste un business de plus?
C’est une occupation à part entière depuis le début et qui, de plus, a pris beaucoup d’ampleur. Pour réussir, il faut se donner à fond, penser et vivre Salon.
20 ans après le lancement d’EPHJ, nous continuons sans cesse à chercher comment l’améliorer et donner toujours plus satisfaction aux exposants et aux visiteurs.
On avait prédit votre disparition, sous prétexte de limite d’âge. Après vous le déluge?
Il fut une époque où certains ont voulu nous concurrencer, ont souhaité et prédit notre disparition. C’était très mal connaitre le marché et le positionnement du Salon. Pour l’avenir, nous avons actuellement une équipe, bien rodée qui prépare le Salon et qui, le moment venu, saura continuer sans nous. Mais ce n’est pas demain…
Dès le début, les marques horlogères sont interdites au Salon. Qu’avez-vous contre elles?
Nous n’avons strictement rien contre elles, bien au contraire! Ce n’est ni l’esprit ni l’essence du Salon qui est réservé à l’environnement professionnel, en amont et en aval du produit fini. Les marques ont leurs propres salons, elles sont nos visiteurs, elles viennent à EPHJ rencontrer leurs fournisseurs. Nous avons avec elles d’excellentes relations très conviviales.
De 92 exposants à plus de 800 en 20 ans, quand cela s’arrêtera-t-il?
Cela fait déjà depuis 2015 que nous avons atteint cette taille et qu’ensuite, nous avons délibérément choisi de plafonner le nombre de stands et d’exposants afin de conserver une unité de lieu, sur un seul niveau, et un salon très aéré que chacun apprécie.
Où sont les présidents de la Confédération à l’heure du couper du ruban?
Tout en soutenant par le cœur et l’esprit le Salon qui est totalement représentatif des fleurons de l’industrie suisse, ils sont, la plupart du temps, empêchés de venir, à mi-juin, par la tenue de la session d’été des Chambres fédérales. Mis à part Monsieur Johann Schneider-Ammann (au centre) qui, en entrepreneur et industriel avisé, a voulu venir inaugurer le Salon, s’y promener en prenant tout son temps et, à l’issue de sa visite, a tweeté qu’il avait été «au paradis.»
Pourquoi êtes-vous si discrets, qu’avez-vous à cacher?
Évidemment, rien à cacher. Mais le Salon a été fondé pour mettre en avant nos exposants, et mettre en lumière leurs multiples professions et leurs savoir-faire. Ce sont eux que les visiteurs viennent rencontrer; les organisateurs ne sont là que pour améliorer sans cesse cette mise en valeur…
Il paraît que vous avez un ‘faible’ pour les écoles, la relève?
C’est à travers les élèves, les apprentis, que l’on peut assurer la pérennité des métiers et de toute la profession. Ils représentent l’avenir. Nous leur donnons l’opportunité de rencontrer concrètement les activités pouvant les intéresser ainsi que leurs futurs employeurs.