Pierre Maudet revient. Pas un parti, juste un mouvement. A la manière d’un calibre horloger qui met ensemble et en scène des composants d’horizons divers, « Libertés et Justice Sociale » s’est lancé à l’assaut du Grand Conseil à Genève.

Joël A. Grandjean, Rédacteur en chef de JSH® Magazine & Swiss Watch Passport
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Parce qu’il s’est souvent rendu à l’inauguration du salon EPHJ à Palexpo, le plus important salon professionnel annuel suisse, surtout la plus importante exposition horlogère avec ses plus de 800 exposants cotraitants, parce qu’il y a montré à chaque fois un intérêt non feint, Pierre Maudet mérite aujourd’hui d’être kidnappé en terres médiatiques horlogères, soumis à ce format d’interview ‘sans concession’ saupoudré de questions cash. D’autant qu’au nombre des projets de sa formation, outre le « CV anonyme » et la « Caisse Maladie Cantonale Publique, » il y a aussi un Musée Horloger côté Musée Rath.

A propos du salon EPHJ

Le candidat au Conseil d’Etat des élection cantonales 2023 souligne: « J’ai toujours été attentif à l’ensemble de l’écosystème de l’horlogerie, et notamment à ses acteurs les plus vulnérables, soit les très petites entreprises et les indépendants qui constituent le terreau fertile sur lequel s’appuient les marques.« En ce sens, le salon EPHJ est une occasion annuelle unique de les faire apparaître et de les promouvoir en tant qu’acteurs essentiels. »

Pierre Maudet, vous voilà de retour. Le temps est-il votre allié?

En politique, le temps peut être un allié s’il est bien mis à profit, car il est précieux. Dans ma situation, j’ai profité de prendre du recul ces dernières années, et d’affiner mes compétences dans un poste privé, tout en restant en contact avec le monde des entreprises et des indépendants. Ce temps d’écoute, d’apprentissage et d’observation m’est très utile aujourd’hui.

Dans votre programme, un projet de musée horloger… Depuis quand la politique s’intéresse-t-elle à l’horlogerie?

Le secteur horloger participe de l’image de Genève, de son patrimoine et de son économie, ne serait-ce que parce qu’il représente près de 10’000 emplois sur le territoire cantonal. Il est donc logique de s’intéresser politiquement à l’horlogerie; c’est mon cas depuis de nombreuses années, et j’en témoigne avec ce nouveau projet d’emblème muséal genevois.

Depuis que le seul « Musée d’Horlogerie et d’Emaillerie » au monde a été englouti par le MAH, l’un des milliers de Musées d’Art et d’Histoire de la planète, la renaissance d’un vrai musée d’horlogerie est-elle encore possible?

Je veux le croire, même si les circonstances de ces dernières années démontrent le contraire avec des trésors de collections léguées par nos aïeux qui dorment dans les entrepôts du MAH. Pour faire renaître un musée digne de ce nom, il faudra d’abord une réelle volonté politique, ainsi qu’une capacité de rassembler et fédérer des acteurs habituellement plutôt en compétition les uns avec les autres.

Des trésors de collections léguées par nos aïeux dorment dans les entrepôts du MAH »

En quoi un tel musée pourra-t-il « régater » avec le Patek Philippe Museum qui occupe déjà sacrément la place?

Le Patek Philippe Museum est un bijou, dans un écrin magnifique qui se suffit à lui-même. L’enjeu n’est pas de copier – ‘régater avec’ comme vous dites – cet espace reconnu car fondamentalement lié à la marque, mais de proposer un parcours historique et esthétique sur l’horlogerie genevoise, en associant toutes les marques et toutes les technologiques qui ont fait sa réputation.

Du point de vue des autorités genevoises, l’horlogerie n’est-elle pas seulement une source fiscale et une génératrice d’emplois?

J’espère que non! En comparaison d’autres secteurs tels que la finance ou le trading, l’horlogerie représente un atout de taille moyenne en termes d’emplois ou de retombées fiscales. Mais au-delà des comparaisons purement économiques et financières, l’horlogerie représente à mes yeux avant tout un formidable vecteur industriel d’innovation.

Vous arrive-t-il de visiter les fabriques, les Manufactures?

Je les ai fréquemment visitées lorsque je dirigeais le Département de l’économie, tout comme je me suis attaché à découvrir l’important tissu des sous-traitants horlogers (ndlr: la rédaction a pour usage de parler de cotraitants) sans lequel la haute horlogerie ne pourrait pas fonctionner aussi bien qu’elle en fait la démonstration aujourd’hui. On ne parle pas assez de ces centaines d’emplois dans les PME locales et des indépendants passionnés qui participent au rayonnement de la branche.

Certains politiques genevois stigmatisent les montres à millions (ventes aux enchères, salons de la haute…) sans demander aux ouvriers qui les font ce qu’ils en pensent? Qu’auriez-vous à leur dire…? L’horlogerie est-elle de gauche ou de droite?

L’horlogerie n’est ni de gauche ni de droite. S’il y a stigmatisation, c’est purement idéologique. Soyons sérieux! La haute horlogerie, c’est d’abord la recherche de l’excellence dans les produits manufacturés, la culture de la belle ouvrage à travers la transmission des métiers de l’artisanat et le respect du travail des hommes et des femmes qui réalisent ces produits horlogers.

Si les marques de montres vous pressent et vous supplient d’accepter en cadeau leurs montres pour que vous puissiez porter l’image de Genève et de la Suisse durant vos voyages privés et officiels, céderez-vous?

C’est arrivé à plusieurs reprises que l’on m’offre une montre, en qualité de ministre de l’Economie, et je l’ai toujours remise au Service du Protocole comme le veut l’usage et, depuis peu, la loi. Le rôle d’un conseiller d’Etat n’est pas de faire la promotion de certaines marques, mais bel et bien de promouvoir l’ensemble du secteur économique considéré.

Elections genevoises cantonales 2023

Ils ont débarqué de tous les milieux, avec leurs vécus pragmatiques, pratiques, parfois un peu plus aguerris sur le plan des affaires publiques. Leur doyen, Etienne Dufour, a 92 ans! Il porte un nom qui sonne très « horlogerie », il est surtout, comme consultant en formations, un missionnaire de la transmission des savoirs. A 29 sur la liste 4, ils se sont lancés à l’assaut du Grand Conseil.

Parmi eux, il y a Rebecca Stevens-Alder, ancienne rédactrice en chef d’une revue horlogère. Celle qui fit ses débuts pour Daniel Roth (Montre Etoile), s’est ensuite investie, après quelques parenthèses WEF (World Economic Forum) et IMD, dans l’univers des Santés Publiques du monde. Après 15 années chez Novartis à Bâle, cette militante antiracisme, autrice reconnue jusqu’aux USA, continue de sillonner le monde pour Sanofi.