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Interview «Tekitoi» de Maximilian Büsser, fondateur de MB&F

Temps de lecture : 3 minutes

Je m’appelle Amandine, j’ai 12 ans. Passionnée par l’horlogerie depuis l’âge de 7 ans, quand on me demande quel est le métier que je veux faire, je réponds «horlogère-designer chez Bulgari.» En attendant, j’interviewe des personnalités du secteur. Comme Maximilian Büsser qui vient de recevoir l’«Aiguille d’Or 2022» au GPHG avec sa «LM Sequential EVO.»

Par Amandine, la plus jeune chroniqueuse du Swiss Watch Paspport
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Maximilian Busser: "Un adulte créatif, c'est un enfant qui a survécu"

Qui êtes-vous au bureau?

Tellement intense que j’arrive en fin de journée assoiffé car je n’ai même pas bu un verre d’eau…

Et dans la vraie vie?

Le contraire… Chill, très chill…

Comment êtes-vous tombé dans l’horlogerie?

Par hasard, il y a très longtemps, lors de ma première année à l’EPFL, quand mes parents ont voulu m’offrir une montre pour mes 18 ans et que j’ai découvert que des gens payaient des sommes astronomiques pour une «technologie désuète» (un mouvement mécanique). J’étais vraiment intrigué…

Quel souvenir avez-vous de votre première montre?

J’avais 7 ou 8 ans. Une petite montre mécanique à remontage manuel de la marque Jean Perret (Ndlr: voir ci-dessous une ancienne publicité de cette marque pour des modèles dames), que je remontais dans mon lit tous les soirs devant mon père avant qu’il ne me souhaite bonne nuit (et je chargeais vite le tritium du cadran sous ma lampe de chevet avant qu’il ne l’éteigne…). Je me rappelle que la couronne me faisait très mal aux doigts…

Datant de 1962, une publicité Jean Perret & Cie Genève, montres de dame

Et quelle montre a aujourd’hui le plus de valeur sentimentale à vos yeux?

Notre Horological Machine No4 «Thunderbolt» sortie en 2010. La pièce était complétement cinglée tant au niveau concept, design que mouvement. L’horlogerie n’avait jamais vu un tel engin. Ma tête me disait que personne n’aurait le courage de l’acheter… Ce qui voulait dire que j’allais mener MB&F dans le mur après avoir survécu de justesse à la faillite en 2007 et 2009… J’étais terrorisé et je me sentais très très seul. Les détaillants, comme prévu, ont eu très peur et n’en ont presque pas commandé durant Baselworld. Et quelques jours après le lancement en juin un miracle est arrivé: ce fut un plébiscite au niveau mondial. Aucune des 100 pièces (livrées en 4 ans à raison de 25 pièces/an) n’est virtuellement jamais restée en magasin assez longtemps pour la voir. La HM4 Thunderbolt m’a appris qu’il fallait que je fasse confiance à mes tripes et que quelque part là dehors, il y a des personnes assez folles pour me suivre sur mes idées les plus déjantées. Je ne pourrais jamais assez leur dire merci.

Est-ce que vous faites des montres pour les jeunes?

Surtout pour les jeunes d’esprit ! Notre devise est d’ailleurs «A creative adult is a child who survived” (un adulte créatif est un enfant qui a survécu)

Qu’est-ce que vous auriez envie de dire à un jeune de moins de 15 ans pour qu’il s’intéresse à l’horlogerie mécanique plutôt qu’à son Apple Watch?

Qu’il y a tellement plus de plaisir à convoiter un objet inutile mais rempli de beauté et d’humanité qu’un objet utile que l’on jettera dans 18 mois…

Et quels sont les atouts de votre marque pour le séduire?

La création de tout produit chez MB&F commence avec cette question «wouldn’t it be cool if…» (ne serait-ce pas cool si…). Je pense que cette génération-là peut plus que quiconque comprendre cette façon de penser, de créer.

"Ne serait-ce pas cool si... on devenait des aviateurs?"

On parle beaucoup de durabilité, qu’est-ce que ça signifie pour vous?

Que nos créations pourront être réparées dans cent ou deux cents ans… Dans un monde où l’on jette tout très vite, il n’y a pas plus durable qu’un magnifique mouvement horloger.

Vous êtes plutôt TikTok, Instagram ou LinkedIn?

Moitié Instagram et moitié LinkedIn… J’ai juste envie d’apprendre, de découvrir et de partager ce qui m’épate.

Quels conseils me donneriez-vous pour pouvoir vivre ma passion et travailler dans l’horlogerie?

Le plus important dans un premier emploi n’est ni le titre, la carrière potentielle ou le salaire, mais ce qu’il va permettre d’apprendre. Profitez des années qui précédent ce premier job pour découvrir ce que vous avez envie d’apprendre.

Maximilian Busser sur Insta. Ci-dessous, son profil LinkedIn

Un message à faire passer, quelque chose à ajouter?
J’aimerais que plus de personnes qui travaillent dans mon métier aiment l’horlogerie autant que toi…

On fait un selfie pour mon album?

C’est clair!

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