Carnet de voyage. Au cœur du grand marché de Ouagadougou, je demande «je cherche l’horloger de Ouaga?» Un homme me dit: «ah oui, bien sûr, je vous emmène chez Monsieur Benoît.»
Laurent Sage / JSH® Magazine’s Contributor
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Benoît Parkouda m’accueille dans sa boutique, «L’horlogerie Moderne», une institution familiale qu’il dirige depuis… 1972, au cœur d’une ville en ébullition de plus de 3 millions d’habitants dont la moyenne d’âge est de… 17 ans.
L’endroit est dans son jus, authentique
Quelle énergie! Très vite, une onde nous traverse, un alignement, une complicité de passionnés: nous sommes du même monde, celui de l’horlogerie. Monsieur Parkouda, c’est d’abord un regard, un sou- rire, un concentré de bienveillance. Je lui dis d’où je viens, de l’arc jurassien horloger Suisse-France. Bien vite, il me raconte son voyage depuis le Burkina Faso entre la Suisse, Besançon et Paris, en TGV.
Avec une certaine nostalgie et beaucoup d’in- compréhension, il m’explique que Lip, Yema, Tissot ou Longines… lui sont familiers, qu’il en a vendu tant… Mais pourquoi ces noms sont-ils désormais absents? Exit les marques suisses trop chères. Quant aux marques françaises: «existent-elles encore?» Il m’interroge. Alors place aux marques japonaises qui elles, n’ont jamais renoncé, et aux montres chinoises. Une certaine tristesse nous envahi. «Et si les amis suisses et français s’intéressaient encore à nous?»
Monsieur Parkouda se ressaisit et me montre le meuble de métiers où sont rangés les verres de rechange, illustration d’un savoir-faire de réparation et d’entretien unique alentours. Ouf, tout lien avec les «amis suisses et français» n’est pas totalement rompu! Notre rencontre s’achève. Merci Monsieur l’horloger de Ouaga. Puis-je me permettre de vous appeler Benoît? Oui, Laurent me répond-t-il, passée sa surprise. Respect! Nous sommes du même monde.