Mardi 1er au dimanche 6 avril 2025: la billetterie du salon Time To Watches est ouverte! Derrière cet événement qui ne cesse de croître, Christian Wipfli, organisateur. Son rapport au temps et à la durée? Il se prête au jeu de « Questions de Temps, » une interview à la limite ‘indélicatemporelle‘.
Joël A. Grandjean, rédacteur en chef JSH Magazine & Swiss-Watch-Passport.ch
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Qui aurait pu, au lendemain de la déroute de Baselworld, imaginer que la Villa Sarasin, si proche de Palexpo, puisse un jour accueillir un salon autre que celui de l’ex-SIHH devenu Watches & Wonders? D’autant que la dépendance cossue, longtemps ‘chasse-gardée‘ de Palexpo, semblait intégrer la secrète clause de non-concurrence que le Journal Suisse d’Horlogerie JSH et Swiss Watch Passport avaient révélée en 2020 (relire le sujet).
Comme quoi, rien n’est figé, tout peut bouger. Mine de rien, Christian Wipfli a réussi un coup de maître. Un coup qui dépasse les intérêts égoïstes et individualistes, une réussite qui sert le secteur et surtout permet à Genève de renouer avec son histoire de ville historique d’expositions, de foires…
Alors, Christian Wipfli, c’était quand la première fois?
En 2021, lorsque tout se faisait par zoom. J’ai compris que le secteur horloger avait besoin de se connaître et de se reconnaître. Offrir l’opportunité de tisser du lien par une poignée de main, d’échanger des idées en direct, essayer une montre à son poignet. En vrai.
Êtes-vous toujours à l’heure?
Oui, car je considère que je ne peux pas représenter ceux qui règlent le temps en les offensant.
Quel est le pire retard dont vous vous souvenez, celui qui vous a le plus mis dans l’embarras?
Je me souviens d’un train qui, me semblait-il à l’époque, aurait dû décider de ma vie. Je l’ai loupé. Et ma vie ne s’en porte pas plus mal.
Existe-t-il un retard ou une avance qui vous a permis d’échapper au pire?
En arrivant en Afrique du Sud en 2023, l’avion était en retard en raison de grosses rafales de vent. J’ai failli perdre mon chapeau. Un drame…
Au contraire, y a-t-il un retard ou une avance qui vous a permis de vivre le meilleur?
…et bien deux jours plus tard, j’ai retrouvé mon chapeau, un instant béni, grâce à l’alignement des hasards plutôt que du temps.
Quel fut votre jour le plus long?
La veille de l’ouverture du mon premier Time to Watches. Alors que je croyais que tout était sous contrôle, en fait des milliers de détails restaient à faire. On s’est amélioré dans l’intervalle, mais l’événementiel reste un domaine où beaucoup de choses se règlent à la dernière minute. Quel que soit le degré de préparation en amont. Cela s’appelle la flexibilité.
Hormis une montre ou un garde-temps, quel est le design que vous considérez comme le plus intemporel?
Aucun design n’est intemporel, seule l’émotion l’est.
Indiquez-moi la longitude et la latitude précise de votre lieu de naissance.
Martigny en Suisse, soit 46.105595699020135, 7.07499792544727
Citez-moi l’objet personnel que vous souhaiteriez soustraire à l’emprise du temps, pour qu’il ne se dégrade jamais? Evitez de citer une montre, ce serait trop facile… !
C’est l’amour de ma vie et il ne se dégradera jamais parce que je l’aime. Ce ne sont pas les choses qui durent, mais les sentiments. Et parfois, une belle montre, pour témoigner des sentiments.
Quel est le type de «chronophage» (mangeur de votre précieux temps), que vous redoutez le plus?
Les gens chronophages sont ceux qui veulent paraître plus importants qu’ils ne sont, ceux qui vous sollicitent 10 x par jour, pour ne régler que des détails. Je les gère en les écoutant, l’empathie restant la meilleure des défenses contre le temps perdu.
Si le temps vous était conté. Livre, proverbe, citation…?
«Il est grand temps de rallumer les étoiles» – Guillaume Apollinaire
Un proverbe du sud dit «Vous avez l’heure, nous avons le temps»! Commentaires…
Là où le soleil brille, le temps s’étire.
Votre premier souvenir se rapportant à une durée (de nature positive ou négative)?
Ma première journée à l’école en 1981, je n’ai pas du tout aimé. Se mettre dans un groupe, être adoubé, même si je ne savais pas ce que cela signifiait à l’époque. Apprendre à faire partie. Mais j’ai géré, et me voilà adulte, apaisé, et moi-même.
Quels sont vos moments qui ne devraient jamais s’arrêter?
Chaque moment est précieux pour autant que l’on soit avec les bonnes personnes.
S’il vous arrive de pleurer, quelle est la fois où vous pensiez ne jamais pouvoir vous arrêter?
J’ai assisté à la mort de mon grand-père. Je n’ai pas pleuré. Pour autant, j’ai mesuré l’ampleur d’une perte, la finalité de la vie, l’importance du partage. Le chagrin ne se mesure pas à l’aune des larmes, mais à l’intensité que l’on ressent, sur l’instant.
Votre première montre?
En l’occurrence, c’était une Tissot. Mais cela a peu d’importance. J’aime l’idée d’une mécanique, qui compte le temps, tout en ne sachant pas vraiment ce qu’est le temps. Une chose est sûre, pour Time to Watches, le tic tac de ma Tissot commencera le 1er avril.
Si vous possédez plusieurs montres, quels rôles jouent-elles dans votre existence?
J’offre à 75 marques l’opportunité de dévoiler leurs nouveautés à Time to Watches, donc je porte 75 marques dans mon cœur. Je ne peux pas choisir…
Celle que vous aimeriez avoir le plus?
Celle justement qui saurait compter l’éternité.
La montre dont vous êtes le plus fier. Pourquoi, son rapport au temps, en quelques mots…
Je possède la M.A.D.1 de MB£F et j’espère pouvoir m’offrir la M.A.D.2. J’aime la liberté d’expression dans une marque, le culot de changer les codes. La liberté, donc l’innovation, est le plus précieux des trésors.
Si, privé d’indicateur horaire, vous deviez planter un objet personnel dans le sol pour qu’il vous renseigne sur l’heure qu’il est (comme l’ancien cadran solaire), quel serait-il?
Ma canne, quand je serai vieux.
