Une page irremplaçable vient de se tourner, un chapitre capital se referme. Ouf, sa reconnaissance n’aura pas été posthume, même si les inévitables hommages à venir, y ajouteront leur part d’éternité. Repose en paix, Jean-Pierre.
Joël A. Grandjean, rédacteur en chef JSH Magazine & Swiss-Watch-Passport.ch
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Humilité reconnaissante
Sur la scène du Gaïa qu’il vient de recevoir, le plus célèbre artisan boîtier sort un bout de papier: il prononce délibérément le nom de tous ceux qui lui ont fait confiance. Succèdent alors aux plus illustres signatures de marques des noms moins connus, tels un Laurent Jolliet ou un Nicolas Commergnat… Emotion!
Grâce au Dr. Helmut Crott, auteur reconnu, expert mondial dans l’univers du pre-owned market et membre originel de la Fondation Horopedia, j’ai le souvenir de soirées inoubliables au Il Salento à Carouge, où l’humilité et la pétillance de Jean-Pierre Hagmann égrenaient nos heures. Il avait toujours dans sa poche un projet, sur son portable, une série de photos à montrer.
Un gros « calibre », enjoué et humble
En tant que membre du Jury du Prix Gaïa, j’avais pris conscience, au fil des délibérations, de l’immense pointure du bonhomme malgré la hauteur de sa discrétion. J’ai encore en travers de la gorge mon projet avorté, pour cause d’empêchement indiscutable de l’un de mes journalistes, de lui consacrer un portrait conséquent dans le Journal Suisse de l’Horlogerie JSH du mois de juin 2024. C’était avant son prix Gaïa et avant sa consécration au GPHG de la même année. Cela aurait donc été avant la vague médiatique qui s’est soudain, enfin, déversée sur lui. Une vague si méritée, malicieusement assumée, vécue avec reconnaissance et humilité.
Jean-Pierre Hagmann vient de nous quitter
Dans la nuit de samedi à dimanche (ndlr, 7 et 8 mars 2025). Laurent Jolliet, le bijoutier-chaîniste dont tout le monde parle, s’apprêtait à le recevoir à nouveau après sa parenthèse Akrivia comme collègue d’atelier du Lignon. De retour au bercail, de l’espace avait déjà été libéré, des commandes et des contrats signés! Le plus fameux boîtier de l’horlogerie suisse d’excellence s’apprêtait donc, à passé 80 ans, à rempiler. Et à perpétuer sans relâche son savoir, sa passion. Son établi, son tour étaient déjà prêts.
Le calendrier des départs existentiels échappe encore à la maîtrise et à l’entendement humains. Ouf, ô maigre consolation, Jean-Pierre Hagmann est parti dans la douceur et non pas au guidon fou de l’une de ses motos anciennes qu’il restaurait et affectionnait tant.