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Interview Tekitoi: Guido Terreni, CEO Parmigiani Fleurier

Temps de lecture : 6 minutes
Guido Terreni, CEO Parmigiani Fleurier, avec Amandine pour l'interview Tekitoi

Je m’appelle Amandine et j’ai maintenant 13 ans. Passionnée par l’horlogerie depuis l’âge de 7 ans, quand on me demande quel est le métier que je veux faire, je réponds «horlogère-designer chez Bulgari.» En attendant, j’interviewe des personnalités du secteur… et aujourd’hui découvrons qui est Guido Terreni, le CEO de la discrète Parmigiani Fleurier.

Par Amandine, la plus jeune chroniqueuse du Swiss Watch Paspport
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Guido Terreni CEO de Parmigiani Fleurier
Guido Terreni répondant aux questions de l'interview #Tekitoi d'Amandine

Bonjour, qui êtes-vous au bureau?

J’essaye d’être une personne qui donne l’exemple, qui montre la voie sur laquelle j’aimerais amener Parmigiani. D’être comme un chef d’orchestre qui fait jouer la musique à mes collègues qui vont l’interpréter. Parfois, c’est aussi moi qui écris la partition parce qu’il faut faire certaines choses qui correspondent à la marque… et basta. Il faut avoir le courage de faire des choses différentes, mais toujours de bien les faire.

Et dans la vraie vie?

Je suis un père, un mari. Quelqu’un d’assez profond dans mes relations. Je préfère de loin la qualité que de quantité. Sinon, j’ai une grande passion pour la moto, mon vrai hobby. Et j’adore skier, voyager, la musique et manger. Bien manger. Des choses assez simples, tu vois.

Comment êtes-vous tombé dans l’horlogerie?

Par amour! Ma femme était en Suisse et moi à Milan. Nous étions fiancés à l’époque et c’était à qui trouverait du travail en premier. Heureusement, ce fut moi. Et ensuite je suis tombé amoureux de l’horlogerie.

Quels souvenirs gardez-vous de votre première montre?

Je devais avoir environ six ans et c’était une Timex. Ma mère l’avait achetée pour m’apprendre à lire l’heure. Je l’ai portée pas mal de temps et puis j’ai oublié où elle était. Je pense que je l’ai perdue.

Et quelle montre possède aujourd’hui le plus de valeur sentimentale à vos yeux?

Il y en a beaucoup. Après 23 ans dans l’horlogerie, il y a beaucoup d’histoires et de souvenirs… Je me rappelle de nombreux projets. De tous en fait. Certains très difficiles comme la Octo Finissimo à laquelle je suis très attaché ou la Serpenti. Mais aussi ma dernière pièce, la Tonda (Ndlr: pour Parmigiani Fleurier) qui pour moi tient presque du miracle.

Est-ce que vous faites des montres pour les jeunes?

Chez Parmigiani, on essaie de faire des montres qui durent dans le temps, pour des clients raffinés qui connaissent bien l’horlogerie. Et ça, ça n’a pas d’âge! Pour moi, il y a des jeunes qui ont du goût, qui sont éduqués avec de belles choses autour d’eux et qui sont capables d’apprécier la beauté.

Tonda PF Minute Rattrapante
Le Modèle Tonda PF Minute Rattrapante, une nouveauté W&W 2023

Ce n’est donc pas une question d’âge mais plutôt de maturité vis-à-vis des belles choses.

 

Que diriez-vous à un jeune de moins de quinze ans pour qu’il s’intéresse à l’horlogerie mécanique plutôt qu’à son Apple Watch?

Ce sont deux choses complètement différentes qui peuvent très bien coexister dans la vie d’une personne. La montre mécanique a une âme propre, une vie qui perdure. C’est un objet qui peut nous survivre et qui fascine. Parce que l’art mécanique est un véritable exercice intellectuel. C’est quand même assez miraculeux de voir tous ces petits morceaux de métal prendre vie dans quelque-chose qui mesure à peine trois ou quatre centimètres. Dès lors qu’on a assez de curiosité pour découvrir et comprendre cet art, ça devient vite fascinant et très attachant. Mais il faut aussi comprendre à quel point tout ceci est difficile. C’est pour ça que c’est si beau.

Quels sont les atouts de votre marque pour séduire ces jeunes?

Notre marque est à l’image de son fondateur, Michel Parmigiani. C’est une personne d’une grande sensibilité et une légende vivante de la restauration. À 25 ans, en 1975 et en pleine crise du quartz, il a compris que le patrimoine culturel de l’art mécanique risquait de disparaître. Alors il s’est mis à restaurer des montres anciennes quand tout le monde voulait faire du quartz. Et ce n’est qu’après 25 ans de restauration qu’il a fondé Parmigiani. Nos atouts, nos valeurs, proviennent de Michel Parmigiani.

Michel Parmigiani à ses débuts à l'établi
Michel Parmigiani à ses débuts à l'établi

Il a apporté à la marque tout son bagage culturel de l’histoire horlogère, le prestige, mais aussi le souci des finitions qui résistent au temps. Il a eu la chance de travailler sur des œuvres d’art vieilles de 500 ans. C’est une véritable encyclopédie de l’horlogerie, pas uniquement sur un plan historique, mais également pratique, sur la manière de faire. Parce que quand tu restaures un cadran du 19ᵉ siècle, tu dois comprendre comment il était fait au 19ᵉ. Il faut énormément de talent pour y arriver, mais pas trop d’ego non plus… Quand tu travailles sur l’œuvre de quelqu’un d’autre, ce que tu fais doit disparaître au profit de la création originale. C’est la raison pour laquelle notre marque est aussi discrète. À l’image de son fondateur. C’est tout sauf une marque ostentatoire que l’on porterait pour son nom. C’est une marque très élégante, très discrète et raffinée, intemporelle, pour des personnes cultivées qui font des choix personnels.

En tout cas, je le ressens dans la décoration et l’ambiance de votre stand. Quand on entre, tout est calme et harmonieux, c’est apaisant. Un peu comme une femme qui porte une longue robe noire. Discret mais super classe.

Merci.

Le dos du mouvement de la Tonda PF Minute Rattrapante. Microrotor et finitions haut de gamme pour une montre de haute horlogerie.
Le dos du mouvement de la Tonda PF Minute Rattrapante. Microrotor et finitions haut de gamme pour une montre de haute horlogerie.

On parle beaucoup de durabilité. Qu’est-ce que ça signifie pour vous?

C’est quelque chose d’obligatoire aujourd’hui. On n’a pas de choix! Les montres mécaniques ont l’avantage d’être durables par essence puisqu’elles ne consomment plus d’énergie quand elles ont été produites. Elles redistribuent l’énergie de leur propriétaire. C’est donc déjà très durable. Après, pour produire les montres, on a des usines et des ateliers. Au niveau de l’assemblage, on ne consomme pas beaucoup d’énergie et l’empreinte est donc assez basse. Pour les usines, c’est un peu plus difficile mais on s’efforce de réduire au maximum l’emprunte carbone car il en va de notre responsabilité. Enfin, il est très important de tracer l’origine des matériaux que nous utilisons et de faire un sourcing soutenable et respectueux.

Chez nous par exemple, tout l’or et le platine utilisés sont éthiques. C’est entièrement tracé et, en plus, ça n’est pas très difficile à faire. Peut-être que l’horlogerie suisse devrait rendre ça obligatoire… Ça coûte un petit peu plus cher, mais pas tant que ça. Par contre, ça implique de pouvoir séparer la production des éléments traçables de ceux qui ne le sont pas ou qui, comme chez nous, sont fabriqués pour d’autres marques.

Vous êtes plutôt TikTok, Instagram ou LinkedIn?

LinkedIn d’abord, et Instagram.

Profil LinkedIn de Guido Terreni
le Profil LinkedIn de Guido Terreni

Quels conseils me donneriez-vous pour pouvoir vivre ma passion et travailler dans l’horlogerie?

Savoir d’abord ce que tu aimerais faire. Travailler dans l’horlogerie, ça englobe plein de choses. Il y a la production dans les ateliers, la création, la communication et le marketing, mais aussi la partie commerciale ou même la formation. Si tu aimes être en contact avec les clients, leur présenter tes montres, il faudra peut-être t’orienter plus vers la partie commerciale. La question est vraiment de savoir ce que tu aimes faire pour savoir vers où t’orienter. Et si tu ambitionnes de travailler dans un rôle plus stratégique, visionnaire, pour définir le futur de la marque et ses modèles pour les années à venir, alors il te faudra te pencher sur la notion de valeur. Bien comprendre tout d’abord quelles sont les valeurs de la marque, mais aussi les valeurs que tu souhaites exprimer et, enfin, celles du client que tu veux intéresser. C’est seulement quand tu auras bien combiné toutes ces valeurs que tu pourras entrer dans la phase d’exécution, avec le design et le développement. Et à ce niveau, il est important d’avoir développé une sensibilité et des valeurs plus qualitatives que quantitatives.

Est-ce que vous auriez un message à faire passer, quelque chose à ajouter ou à annoncer?

Tout le monde regarde l’horlogerie comme un business très intéressant, attirant, flamboyant. Parfois, j’aimerais rappeler aux gens que le Luxe ce n’est pas l’argent que l’on a en banque. Le Luxe n’est pas une notion quantifiable mais l’expression d’une qualité. Quand on produit du Luxe, on devrait être inspiré par l’excellence et utiliser tout le savoir-faire et les traditions formidables dont nous avons hérité pour continuer à se projeter en avant.

Malheureusement, lors des 30 dernières années, l’industrie du luxe a eu plus tendance à s’inspirer de son passé avec des répliques et des rééditions. Je pense qu’il est beaucoup plus intéressant de regarder devant pour créer. Il sort une vraie montre, un vrai design novateur, environ tous les dix ans. Sauf dans les années 70, très créatives, où sont sorties plusieurs icones mais chacune avec ses signes distinctifs. Il faut refuser l’idée actuelle que tout a déjà été fait en horlogerie, se projeter en avant et essayer de repousser les frontières de cette merveilleuse industrie.

Est-ce que ça vous dit qu’on fasse un selfie pour mon album?

J’allais justement te le demander, mais pour le mien…

Merci beaucoup. Est-ce que vous auriez une question à me poser?

Guido Terreni, CEO de Parmigiani Fleurier, et Amandine pour le selfie Tekitoi
Guido Terreni, CEO de Parmigiani Fleurier, et Amandine pour le selfie Tekitoi

L’intervieweuse interviewée…

(G.T.) Qu’est-ce qui t’a fait tomber amoureuse des montres?

(Amandine) En fait, je n’étais pas très intéressée par les montres que je voyais dans les magazines ou au poignet des gens. C’est vraiment le fait d’avoir pu les prendre en main, les toucher, les essayer, qui m’a fait tomber amoureuse. J’ai commencé à regarder les montres comme je ne les avais jamais vues avant.

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