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Haute-Horlogerie? Le livre qui remet les pendules à l’heure!

Temps de lecture : 3 minutes

Paru dans le journal suisse d’horlogerie JSH de 2019. Le livre de l’historien Pierre-Yves Donzé lance un pavé dans la marre: l’appellation ‘haute-horlogerie’ date en fait des 18e et 19e siècles, à une époque où elle désignait totalement autre chose. Rencontre avec un auteur qui bouscule des certitudes sacrées.

Propos recueillis par Joël A. Grandjean / Editeur et Rédacteur en chef de JSH® Magazine & Swiss Watch Passport
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Livre Alphil Editions disponible sur le site Watchprint.com. Rencontre littéraire à l'EPHJ 2019

Pour en savoir plus, il va vraiment falloir lire ce livre paru chez Alphil, « L’invention du Luxe, histoire de l’industrie horlogère à Genève, de 1815 à nos jours« . Titre assez long, universitaire, visible sur le site de Watchprint.com, la librairie horlogère en ligne et présente au salon EPHJ, comme dans les grands événements du secteur..

L’Histoire sans les histoires

Cet article vous met juste sur la voie, il ne vous en dira pas plus. Il semble que dans cet ouvrage, l’Histoire, celle qui s’étudie de manière indépendante et avec rigueur, se permette une fois de plus de tordre le cou à certaines histoires. Vous savez, ces histoires qui servent les intérêts des marques, qui peaufinent leur image et qui enjolivent leurs passés.

Ainsi, la certitude qui place Genève dans la perception collective du secteur et du marché comme étant le pôle du luxe horloger, ce qui par extenso relègue le reste des régions horlogères suisses à des rangs inférieurs, plus industriels par exemple, apparaît totalement incomplète: l’auteur révèle ce que l’appellation ‘haute-horlogerie’ signifiait réellement aux 18e et 19e siècles.

Chercheur indépendant

Mais qui est donc Pierre-Yves Donzé, ce scientifique qui, de la hauteur de ses recherches et de ses trouvailles, remet les pendules de la haute-horlogerie à l’heure? Ceux qui suivent les médias horlogers indépendants, les passionnés et les collectionneurs, le savent également auteur puisqu’ils le lisent régulièrement dans le magazine Watchonista. com (The Watches Network, Pully) où il commet régulièrement d’intéressantes sagas historiques. Depuis le Japon où il vit et sévit comme professeur à l’Université d’Osaka, cet historien avait choisi Genève pour lancer son livre, dans un lieu chargé d’Histoire, le Palais de l’Athénée. Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a amené à écrire ce livre, vos motivations?

Il y a deux raisons principales. Premièrement, rien n’avait jamais été écrit sur l’histoire de l’horlogerie à Genève de 1815 à nos jours, c’était une période inconnue, donc un challenge important pour un historien de l’horlogerie. Deuxièmement, je travaille depuis plusieurs années sur le business du luxe avec des collègues d’autres pays et nous nous interrogeons sur les fondements de la compétitivité de cette industrie aujourd’hui. Je contribue à ces réflexions avec le cas de Genève et de la Suisse.

D’après-vous la haute-horlogerie existait déjà aux 18e-19e siècles?

Le principal apport de ce livre est de montrer qu’il n’y a pas de continuité dans l’horlogerie du luxe du 18e siècle à nos jours. Comme ailleurs en Suisse, les Genevois ont produit une large variété de montres, y compris des montres simples, bon marché et de mauvaise qualité. Ce livre démontre la nécessité d’une démarche historienne, avec un retour aux sources de première main et une analyse critique des données, afin de prendre de la distance avec le discours des marques, qui vise à construire de belles histoires n’ayant pas toujours un lien avec la réalité. L’idée de «haute horlogerie», qui remonte aux 18e-19e siècles mais qui n’a pas le moindre rapport avec son acception actuelle, est un bon exemple.

Vous, que pensez-vous du concept de Haute Horlogerie et de Métiers d’Art?

Comme démontré dans mon livre, je pense que c’est un concept vide de sens qui sert les intérêts des entreprises membres de la Fondation de la Haute Horlogerie. Il faut le comprendre comme la volonté de s’imposer comme les véritables représentants du luxe face à d’autres concurrents suisses (Swatch Group notamment).

Comment gardez-vous le contact avec les réalités helvétiques et genevoises vous qui vivez au Japon? N’est-ce pas un handicap pour vos recherches?

Nous vivons aujourd’hui dans un monde interconnecté et la distance géographique n’est plus un problème. Bien sûr, il faut être extrêmement bien organisé pour réaliser les déplacements dans les archives lors des passages à Genève. Et vivre dans un environnement culturel et social différent permet d’offrir un regard original de ma part (à la fois proche et distant).

Quelle montre portiez-vous lors de la cérémonie de lancement de votre livre à Genève, le 27 septembre 2017?

J’ai porté comme chaque jour une Longines, parce que c’est une entreprise établie dans la région d’où je viens (le Jura), parce que c’est une marque qui présente une certaine cohérence (elle ne s’est pas inventé complètement une histoire, ce qui est rare…) et parce qu’elle représente un excellent rapport qualité-prix.

En 2011, Pierre-Yves Donzé reçoit le prix Gaïa délivré par le MIH - Musée International de l’Horlogerie à La Chaux-de-Fonds. Il s’agit d’une prestigieuse reconnaissance appelée aussi le Nobel de l’Horlogerie

Vous avez reçu le fameux prix Gaïa, une reconnaissance?

C’est l’un des rares prix décernés dans l’horlogerie par des institutions qui ne sont pas les entreprises horlogères elles-mêmes. Par ailleurs, le MIH est sans doute l’institution qui possède la meilleure légitimité pour un prix de ce type. Il m’a apporté une grande reconnaissance et surtout un encouragement à poursuivre mes travaux sur l’histoire horlogère abordée de manière globale et transnationale.

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