Je m’appelle Amandine, j’ai 12 ans. Passionnée par l’horlogerie depuis l’âge de 7 ans, quand on me demande quel est le métier que je veux faire, je réponds «horlogère-designer chez Bulgari.» En attendant, j’interviewe des personnalités du secteur… Découvrons aujourd’hui qui est Julien Tornare, CEO de Zenith.
Par Amandine, la plus jeune chroniqueuse du Swiss Watch Paspport
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Qui êtes-vous au bureau?
En tant que CEO, j’essaie d’être un guide pour tous les collaborateurs, pour qu’on aille tous dans la même direction.
être un guide pour tous les collaborateurs, pour qu’on aille tous dans la même direction
Et dans la vraie vie?
Je suis d’abord un papa, un mari, un fils, un frère et j’essaye d’être la personne en ligne avec mes valeurs.
Comment êtes-vous tombé dans l’horlogerie?
Complètement par hasard! C’est la maman d’un ancien camarade de classe qui m’a appelé des années plus tard pour me dire que j’avais un caractère et un profil qui pourraient correspondre à ce type de carrière. C’est comme ça que j’ai commencé.
Quel souvenir avez-vous de votre toute première montre?
C’est une montre que j’ai reçue quand j’étais enfant. Sans aucune valeur marchande, mais il y avait un Goldorak sur le cadran. Toi, tu ne sais probablement pas ce que c’est, mais ton papa, lui, doit très bien se souvenir de Goldorak. C’était un personnage de dessin animé japonais que les gens de ma génération, les garçons en particulier mais aussi les filles, aimaient beaucoup à cette époque.
Et quelle montre a aujourd’hui plus de valeur sentimentale à vos yeux.
Aujourd’hui, il y en a plusieurs. Parce que pour moi les montres représentent souvent un moment ou une émotion particulière. Mais je dirais que c’est probablement une montre que j’ai reçue pour mon mariage.
Est-ce que vous faites des montres pour les jeunes?
Nous avons une particularité chez Zenith, c’est de faire des montres pour tout le monde. Nous sommes la première marque à avoir décidé de ne plus avoir de sélections par genre. On ne dit plus que telle montre est pour les femmes ou que telle autre s’adresse aux hommes. On fait de belles montres et c’est aux clients de décider si la montre est plutôt pour un homme, pour une femme, pour un jeune ou pour quelqu’un de plus âgé. Nous n’avons donc pas de montres ciblées pour les tout jeunes, mais toutes nos montres sont portables par des jeunes et on a d’ailleurs beaucoup de clients de plus en plus jeunes.
Qu’est-ce que vous auriez envie de dire à un jeune de moins de quinze ans pour qu’il s’intéresse à l’horlogerie mécanique plutôt qu’à son Apple Watch?
Je lui dirai d’abord que la beauté d’une montre mécanique réside avant tout dans le fait que c’est un objet qui peut exister pour l’éternité. Si on regarde autour de nous dans cette salle (ndlr: bureau sur le stand Zenith lors de Watches & Wonders 2023), quels sont les objets qu’on peut imaginer exister encore dans 300 ou 400 ans? Très peu. Toi et moi, nous ne sommes pas des objets et malheureusement, dans 400 ans, on sera plus là. Les croissants, le coca, la table, les meubles, il n’en restera certainement plus rien dans 400 ans. Mais une montre mécanique, elle, fonctionnera toujours dans 400 ans, à l’inverse d’un téléphone portable ou d’une montre connectée… Si on a un bon horloger capable de régler la montre et de mettre un peu d’huile, le mécanisme marchera encore. Ta génération est très sensible à la durabilité, au recyclage. Quand on fabrique une montre mécanique, on a un objet qui peut exister pour l’éternité. Et ça, c’est un message que je trouve très intéressant pour les jeunes.
Quels sont les atouts de Zenith qui pourront le séduire?
Notre marque a un très vieil héritage, une longue histoire puisqu’elle a été créée en 1865. Plus de 150 ans, ça fait déjà un bon nombre d’années. Elle est très authentique parce que j’insiste toujours pour les histoires que nous racontons soient vraies, fondées. Les mouvements que nous utilisons pour nos montres sont tous des mouvements Zenith, des mouvements maison. Il y a donc un côté historique très sérieux, même si on vit à notre époque, au XXIᵉ siècle. On crée des montres contemporaines, on essaie d’avoir des événements amusants, de parler aux jeunes à travers les canaux qui sont les vôtres aujourd’hui, que ce soient les réseaux sociaux ou d’autres. On peut dire que Zenith est à l’équilibre entre le passé, le futur, la tradition et l’innovation.
Êtes-vous plutôt TikTok, Instagram ou LinkedIn?
Plutôt Instagram, mais j’aime bien LinkedIn aussi pour le travail.
Quels conseils me donneriez-vous pour vivre ma passion et travailler dans le monde de l’horlogerie?
Je pense que tu commences déjà très bien parce que tu fais une belle interview, tu sembles sérieuse et tu viens sur le salon pour voir les marques horlogères. Donc on peut dire que tu as déjà un bien meilleur début de carrière que la plupart des jeunes de ton âge. Tu montres de l’intérêt, tu poses des questions intéressantes. Bravo! C’est un très bon début et il te faut continuer comme ça. Continuer à venir nous voir, faire des visites de manufactures, essayer de faire quelques petits stages… Comme ça, quand tu rechercheras ton premier emploi dans le domaine, tu auras déjà une belle avance par rapport aux autres.
C’est ce qu’il faut essayer d’avoir dans la vie.
Toujours avoir un ou deux temps d’avance.
Un message à faire passer?
J’aimerais juste remercier toutes les personnes qui s’intéressent à notre belle industrie et à Zenith en particulier. On a beaucoup de visiteurs sur le stand et je trouve ça très grisant. C’est tellement motivant de pouvoir partager cette passion avec tous ces visiteurs pendant cette semaine de Watches & Wonders. En particulier pendant ces deux journées ouvertes au public avec les clients finaux. Ça me fait aussi très plaisir d’avoir cet échange avec toi, parce que tu incarnes parfaitement cette passion, cet enthousiasme et on aimerait avoir plein de gens comme toi dans nos entreprises. Donc bravo à toi en tout cas.
Merci. J’aimerais ajouter que Zenith est quand même l’une des rares manufactures qui organise des visites guidées, ouvertes au public, pour voir ce qui se passe derrière le rideau, pour que des gens qui s’intéressent à l’horlogerie puissent avoir la chance de visiter les ateliers. C’est vraiment une preuve d’ouverture…
Je pense que nous souhaitons tous que cette industrie horlogère avec ses belles montres mécaniques intéresse aussi les nouvelles générations. Vous vivez dans un monde qui va tellement vite, vous recevez tellement d’informations et vous avez un tel accès au savoir. Alors ouvrir les portes d’une manufacture et permettre au public de venir découvrir une marque comme Zenith de l’intérieur, c’est le meilleur moyen de développer des vocations et de l’intérêt pour des marques comme la nôtre.
On fait un selfie pour mon album?
Avec plaisir. Génial.
Julien Tornare, d’interviewé à interviewer !
Peux-tu m’expliquer comment t’est venu ton intérêt pour l’horlogerie?
(Amandine) C’était avec mon papa lors d’une soirée Bulgari pendant le SIHH. En fait, je ne le voyais pas du tout car il partait tôt et rentrait tard et il m’avait promis de passer la soirée avec moi. Alors quand Bulgari l’a invité à un cocktail il leur a dit non, qu’il devait s’occuper de moi, etc… et puis ils ont proposé de me prendre avec lui, qu’ils auraient autre chose à boire que du spritz. Lui ça le gênait un peu parce que je n’avais que sept ans mais moi j’ai tout de suite sauté de joie et dit que je voulais y aller. Sur place, tout le monde était super gentil avec moi. Mais c’est vrai que j’étais un peu petite et que papa devait me porter pour voir les montres dans les vitrines.
En fait, tout a commencé quand Laetitia Hirschy (ndlr: la co-fondatrice du réseau Watch Femmes qui travaillait à l’époque comme RP chez Bulgari) m’a appelé et m’a demandé si j’avais vu les montres, si je voulais les toucher, les essayer. C’était trop génial, c’était la première fois que j’essayais des belles montres, surtout la Serpenti Tubogas. En partant, j’ai dit à papa que je voulais devenir horlogère-designer… chez Bulgari.
Génial! C’est une super histoire, j’adore. En plus Bulgari est aussi une très belle marque…